L ’état insulaire du Vanuatu au cœur du
Pacifique a reconnu l’indépendance d’Abkhazie et l’annonce officielle
sera faite lundi, - a fait savoir à la Voix de la Russie le ministre
abkhaze des affaires étrangères Maxim Goundjia. Il a raconté dans une
interview exclusive à notre radio que les parties avaient longtemps mené
les négociations dans la plus grande discrétion afin d’empêcher la
Géorgie de faire échouer la signature des documents nécessaires.
L’Abkhazie doit encore, trois ans après la
guerre de 2008 avec la Géorgie, défendre son indépendance. Tbilissi a
tenté de désavouer la nouvelle sur la reconnaissance d’Abkhazie par le
Vanuatu à tel point qu’une chaîne géorgienne a montré l’interview
accordée par le chef de la mission du Vanuatu auprès de l’ONU Donald
Kalpokas qui aurait déclaré que son pays n’avait signé aucun accord avec
l’Abkhazie et n’avait pas l’intention de le faire.
Or, le ministre abkhaze des affaires
étrangères a déclaré à la Voix de la Russie qu’il existe un document
signé par les premiers ministres des deux pays. Mieux encore, lundi 6
juin le leader du Vanuatu fera une déclaration officielle allant en ce
sens. Selon Goundjia, les diplomates ont fait exprès pour ne pas
dévoiler les consultations en cours et utilisaient les personnes de
confiance pour échanger les projets de l’accord. Ces mesures de sécurité
étaient nécessaires pour empêcher la Géorgie et ses soutiens à
l’Occident de torpiller la reconnaissance.
Il est évident que l’ambassadeur du
Vanuatu à New York a fait l’objet de certaines pressions mais je pense
plutôt qu’il n’était pas au courant de ce qui se passait dans son pays.
Nous ne publions jamais ces nouvelles par crainte des pressions
internationales très fortes. Ces pressions ne sont pas le fait de la
Géorgie mais de la majorité des pays occidentaux et des États-Unis.
C’est pour cette raison que la préparation des accords de ce genre est
si laborieuse. Elle a pris plusieurs mois dans le cas du Vanuatu qui a
accepté nos arguments en soutenant qu’il faut réparer l’injustice et
qu’on a tort de penser que l’Abkhazie fait partie de la Géorgie. Par
conséquent, nos interlocuteurs se sont déclarés prêts à signer l’accord
sur l’établissement des relations diplomatiques. C’est ce que nous avons
fait plus tard. La déclaration commune sur l’établissement des relations
diplomatiques comporte la clause sur l’abrogation des visas. Un autre
pays qui a reconnu l’Abkhazie et notamment Nauru se trouve également
dans cette région. La souveraineté de Soukhoum a par ailleurs été
reconnue par la Russie, la Nicaragua et le Venezuela.
Sergueï Markov, politologue et député de
la Douma n’exclut pas que la Géorgie avait récemment fait des pressions
sur le Vanuatu pour annuler ce texte par des canaux diplomatiques
occidentaux.
«Je pense que du fait de leur inexpérience
nos amis abkhazes ont commis l’erreur et se sont empressés de faire
cette déclaration sans attendre que le Vanuatu le fasse à leur place
pour rendre ce processus irréversible. Or, après la déclaration abkhaze,
les Géorgiens et leurs pour ainsi dire complices ont mis le paquet pour
essayer d’en dissuader les dirigeants du Vanuatu. Nous espérons
cependant que le processus de reconnaissance d’Abkhazie se poursuivra et
que les dirigeants du Vanuatu tiennent plus à leur honneur qu’à l’argent
de Saakachvili».
Alexeï Vlassov, directeur général du
Centre d’étude de l’espace post-soviétique est sûr que l’Abkhazie sera
confronté à l’avenir également à l’opposition des pays occidentaux au
processus de reconnaissance de sa souveraineté. La pression médiatique
exercée sur Soukhoum ne fera que s’accentuer après le décès de Sergeï
Bagapsh, - pense l’expert.
Ce genre de déclaration faire par les
diplomates du Vanuatu s’explique sans doute par les pressions latentes
exercées par l’Occident. En témoigne le début de campagne géorgienne
contre l’Abkhazie à la veille de la présidentielle, la campagne qui
dominera sous une forme ou sous une autre les médias géorgiens pendant
trois prochains mois.
Dans son interview à la Voix de la Russie
Maxim Goundjia a faut savoir que les diplomates abkhazes étaient en
négociations avec plusieurs autres pays et il n’est pas exclu que
d’autres accords seront signés dans un avenir non éloigné. Pourtant, le
chef de la diplomatie abkhaze s’est abstenu d’énumérer ces pays. Une
décision sage compte tenu de l’ expérience avec le Vanuatu.
04.06.2011 Voix
de la Russie
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